Handicaps et potentiels

 

 

 

 

 

Des fois dans la vie on n'a pas de jet privé mais on a un vélo

C'est l'histoire de Juliette. Enfin c'est l'histoire de pas mal d'enfants présentant des difficultés diverses et variées, mais là c'est surtout l'histoire de Juliette.

Juliette est trop choupinette. Elle a des grandes boucles, aime les paillettes et les jupes qui tournent. Autant vous dire qu'on est hyper copines. Elle commence a entrer un pied dans la pré-adolescence et a un retard de développement qui entraîne une déficience et des retards divers et variés dans tout un tas de domaines. Elle sait faire plein de choses, s'adapte plutôt bien et adoooore être en relation.

 

Ça fait 6 ans qu'on se voit, alors autant vous dire que je vois une grosse différence entre la petite graine du départ et la jolie fleur de maintenant.

A intervalle régulier quand tu as un handicap, il faut aller faire le point avec un médecin. Voir si les suivis vont toujours. Voir si les aides mdph correspondent encore. Du coup plutôt que d'avancer on prend sur nos séances pour faire passer un bilan (parce que ça prend du temps hein) et j'écris tout ça le soir chez moi (parce que ça prend du temps hein). Mais c'est important alors on le fait.

Juliette arrive a un âge où elle est loiiiiin des normes dans pas mal de domaines. Les tests étant fait pour des tranches d'âges de grands, même si elle fait des progrès elle se retrouve forcement dans le bas du tableau, l'écart à la moyenne se creusant. Ca veut pas dire qu'elle n'avance pas, juste que les autres sont plus rapides qu'elle, alors ça ne se voit pas dans les chiffres. Du coup dans l'aspect qualitatif j'en tartine des caisses. Parce que oui, elle n'arrive a reproduire aucune coordination du test, mais maintenant elle peut en apprendre avec du temps, ce qui n'était pas le cas avant. Oui elle n'a pas tous les outils pour réussir le test d'attention, mais elle peut passer 10 minutes sur sa tâche, même si elle la rate pour d'autres raisons. Accessoirement je mets aussi des domaines relativement préservés, parce que c'est un peu utile de savoir sur quoi s'appuyer.

Le compte rendu m'arrive par mail, un bref listing des chiffres où ça ne va pas, rien sur les progrès fait ni sur ce qui va. Parait que c'est pas objectivable. Là j'avais qu'une envie c'est de manger ma balle à picots, mais bon, on va dire que ce n'est pas une intention de nuire mais un manque d'actualisation du rapport à l'accompagnement, vaut mieux expliquer que râler et toute façon le plastique ce n'est pas bon.

Donc au cas où quelqu'un ici ou de votre entourage serait passé à côté de l'information : L'époque où on ne définissait un patient que par ses déficits, c'est sooooo années 90, c'est fini, on ne le fait plus. Et contrairement aux nike air jordan ou au blouson en jean fido dido ce n'est pas une mode que l'on souhaite voir revenir (un peu comme la coupe mulet quoi).

 

Il y a quelques années on s'est aperçu que c'était un peu plus efficace de faire le point sur tout ce qui marche, plutôt que sur tout ce qui est absent.

Prenons un exemple. Imaginons un pays où tout le monde a un jet privé. On prévoit les déplacements et les semaines des gens en fonction de ça. Mais voilà qu'arrive quelqu'un qui n'a pas de jet privé. Alors bien sur c'est important de savoir qu'il n'en a pas, ça évite de lui dire qu'il doit être à New York en fin de journée et de lui reprocher de ne pas y être. Mais une fois qu'on a posé ça, voilà voilà... ça limite.

Par contre on peut aller farfouiller s'il n'a pas un autre moyen de locomotion. Parce qu'il n'a pas de jet, mais peut être qu'il a un vélo et un pédalo dans son garage. C'est sur ça ne paraît pas foufou comme ça, mais en précisant qu'il a ce vélo, et qu'il a ce pédalo, déjà on peut envisager un peu plus de déplacements qu'avec un simple « pas de jet ». Ce sera plus lent, plus fatigant, et il y a peu de chance qu'il aille jusqu'à New York, mais il a quand même le droit qu'on sache qu'il a ces moyens de transport, qu'il peut les utiliser, et qu'on le colle pas d'office à attendre un bus.

Dans nos formations on nous apprend à détecter les petits et grands décalages, ce qu'il manque pour que ça marche bien, les absences. A nous de faire en sorte de rechercher également tous les pleins et pas les vides, toutes les présences, tous les petits points d'appuis pour prendre un maximum d'élan dans la vie.


Voilou j'espère que cet article vous aura inspiré ! Et comme toujours, si vous ne voulez rien rater du blog  rejoignez nous sur la page facebook du blog, ou inscrivez vous à la newsletter !

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Commentaires: 1
  • #1

    Leyciaan (samedi, 24 novembre 2018 20:16)

    <3