Troubles du comportement : Et si c'était une carence de "choix" ?

 

 

 

 

 

 

 

 

Une piste de réflexion pour quand le quotidien ou les séances deviennent difficiles

Lorsqu'un "comportement problème" apparaît, la première chose à se demander (bien avant "quoi faire") c'est "pourquoi ?". Qu'est qui fait que cet/mon enfant s'énerve, crie, s'oppose... L'enfant vit un moment difficile pour lui aussi dans ces cas là, ce n'est donc jamais pour s'amuser ou par "manipulation" comme on peut l'attendre. Il est donc important de trouver la fonction de ce comportement. Cela peut être des petits comportements problématiques au quotidien (Loulou refuse systématiquement de mettre les chaussures, c'est des hurlements à chaque fois qu'il faut ranger ses jouets ou aller au bain...) ou des comportements plus difficiles à gérer, notamment pour les enfants ayant des besoins spécifiques que nous recevons en séances (auto et hétéro agressivité). Dans ce dernier cas une analyse fonctionnelle du comportement est fortement conseillée. Mais une hypothèse est souvent oubliée ou confondue avec un évitement/envie de ne "pas faire" : la carence de choix.

Le rythme de la vie moderne laisse peu de place pour prendre son temps : A la maison le matin il faut faire vite, enfiler les affaires préparées à l'avance, ne pas être en retard. Suivre les matières de l'emploi du temps, faire les exercices demandés. Manger à l'heure, prendre le bain dans les temps, enchaîner les devoirs avant de manger le repas qu'on nous sert, aller se coucher à l'heure... Et en séance c'est la même chose : Dans le temps limité où on reçoit l'enfant on veut lui apporter le plus de choses possibles, aborder un maximum de points, lui présenter l'activité à laquelle on vient de penser et qui est vraiment vraiment fantastique tu verras... Souvent pour gagner quelques précieuses minutes, et parce que nous voulons ce qui il y a de mieux et d'optimisé pour nos enfants, nous choisissons tout pour eux.

Or, les enfants ont aussi des envies (pas toujours les mêmes que les nôtres) des goûts et des opinions (y compris très jeunes), et il arrive que certains développent des comportements inadaptés non pas parce qu'ils n'ont pas envie de faire, mais parce qu'ils n'ont pas choisi de faire. L'enfant est fait pour faire des choix, se construire et grandir à travers ceux-ci alors si on va quotidiennement à l'encontre de ça, il peut arriver à saturation.

Pour vérifier cette hypothèse, en comportementalisme on dit qu'il faut amener l'enfant "à satiété" (l'idée existe surement dans d'autres courants théoriques mais je n'en connais pas le nom), c'est à dire que dans un premier temps on lui propose des choix pour tout afin de supprimer cet état de manque et on voit si les comportements problématiques diminuent. Attention il faut souvent 15 jours avant de voir les effets. Et si votre enfant n'a pas de troubles du comportement, vous pouvez également lui laisser souvent le choix, c'est aussi comme ça qu'on devient un grand et qu'on se sent écouté et respecté dans ses idées !

Bien évidement il n'est pas question de lui laisser le choix entre "devoirs ou foot avec les copains" ou "manger ou aller devant la télé". Alors concrètement, on fait quoi :

A la maisonL'idée est de laisser le choix dans l'activité sans dénaturer celle-ci. Cela permet en plus de ne pas donner d'ordre direct mais d'impulser une activité de l'enfant. Exemple :

  • A la place de "mets tes chaussures" : "Tu veux mettre les baskets ou les bottes ?"
  • A la place de "dépêche toi de mettre ton jean" : "Tu veux mettre quel pantalon ?"
  • A la place de "Tu vas au bain !" : "Aujourd'hui tu prends le bain avec ou sans le canard ?"
  • A la place de "Mange ton fruit" : Tu préfères manger une orange ou une banane ?"
  • A la place de "Vas faire tes devoirs !" : "Tu préfères faire 30 minutes de devoirs d'un coup et après c'est fini ou 3 fois 10 minutes avec une pause de 5 minutes entre chaque ?"

Et cela marche avec tout : Le choix du livre du soir, de qui le lit, le côté où on entre dans la voiture, la confiture du matin... Avec les enfants jeunes ou ayant un petit niveau de développement, n'hésitez pas à montrer les objets pour que le choix soit concret (quitte à sortir 3 pulls pour demander "lequel tu préfères").

En séance : L'idée est la même. Sans dénaturer les activités proposées, l'enfant peut choisir de nombreuses choses. Est ce qu'on enlève les chaussures de suite ou dans 5 minutes (ou est ce qu'on les garde ?). La musique, ou placer les éléments d'un parcours, entre deux activités de motricité fine... Pour les pauses ou les moments d'expression il est possible de fabriquer des "tableaux de choix" à l'aide de pictogrammes afin que l'enfant donne plus facilement son avis sur ce qu'il a envie de faire. Il est aussi possible de fabriquer des boites sensorielles ou l'enfant choisi les éléments qu'il a envie de manipuler. L'objectif transversal étant qu'en partant de ces choix, on puisse éventuellement élargir son panel d’intérêts si celui-ci est restreint. 

 

Voici donc une piste de réflexion fassent aux troubles du comportement qu'on ne comprend pas forcement. Bien entendue ce n'est pas la seule (anticipation, sens, évitement, recherche d'attention, sensoriel...) mais elle n'est pas à négliger, d'autant plus qu'elle est facile à mettre en place et apporte un plus à l'enfant dans tous les cas !


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Commentaires: 3
  • #1

    Caldou (mercredi, 22 février 2017 15:01)

    "Tu veux mettre les baskets ou les bottes ?"
    Réponse : "Non." Ferme et définitif...

    Pareil avec "tu veux prendre un bain ou une douche ce soir ?" :p

  • #2

    Estelle (mardi, 18 juin 2019 13:28)

    Bonjour,
    Merci pour l'article et piste intéressante. Ceci étant, si je trouve qu'effectivement un "quel pull tu préfères ?" peut aider par rapport à "Habille toi", je trouve bien que les enfants aient de réels choix, et si possible celui de ne rien faire. Même si ces astuces fonctionnent et parfois même très bien, par respect pour mes enfants, je n'ai pas envie de faire semblant qu'ils sont à moitié andouille, et donc parfois, quand il n'y a pas le choix, je ne donne pas de choix plus ou moins factice. Par exemple, avec le temps qui passe, j'ai été très claire que l'horaire de départ (pour l'école notamment) n'était pas un choix, qu'il m'était imposé à moi aussi, et qu'il fallait composer avec. Par contre, je laisse de vrais choix quand je peux (par exemple le we, sortir se promener, ou faire une activité à la maison, ou, chose que ma grande adore, "faire la glande" !)

  • #3

    maman est psychomot (lundi, 24 juin 2019 15:37)

    L'idée n'est effectivement pas de donner le choix pour tout, la vie c'est aussi se faire a l'idée qu'il y a des impératifs, mais de savoir en proposer suffisamment aussi ;)
    Tous les enfants n'ont pas cette carence hein ;) C'est juste que lorsqu'on a des difficultés, cela peut etre une piste à investiguer ;)