Vous êtes de bons parents.

 

 

 

 

Pour tous ceux qui auraient un doute, à lire et à relire en boucle.

Bon, au vu du titre, il n'y a pas trop de suspense sur le contenu de l'article. Cependant, vu ce que je lis, ce qu'on m'écrit et ce que j'entends au cabinet, apparemment beaucoup ont un doute. Alors je vous le dis et je suis catégorique : Vous êtes de bons parents.

Tout dans notre société tend à nous faire glisser du côté culpabilisé de la force :

  • Les séries télévisées sont pleines de familles souriantes avec des enfants serviables et polis, des mamans maquillées dès le réveil et équipées d'une sorte de fonction auto-brushing (parce qu'une maman ça doit être belle et féminine c'est connu) et des papas qui travaillent (parce qu'un papa ça nourrit sa famille c'est connu) mais qui trouvent le temps et l'énergie pour une conversation sur le sens de la vie tout en échangeant quelques ballons devant le panier de basket fixé sur le mur du garage. Si Jason, le pré-ado, a le malheur de laisser un signe d'agacement apparaître, tout le monde se réuni pour exprimer ses sentiments et faire comprendre à Jason pourquoi il peut blesser la famille avec son comportement (et il comprend ! Et il s'excuse ! Hahaha !). Nous on rentre du travail, il reste encore le repas à préparer, le linge à laver, les devoirs à vérifier. Cela fait 5 mois qu'on doit prendre rendez vous chez le coiffeur et on fait semblant de ne pas entendre le 4ème "putain !" de la soirée d'Alexandre, parce que là, franchement, on n'a pas d'énergie. Louisette a gribouillé en orange sur le mur "neige artique" mais en poussant un peu le meuble télé on pourra camoufler et éviter de repeindre. Mais on est quand même des bons parents.
  • Les réseaux sociaux ont aussi leur responsabilité : Instagram est plein de photos de chambres ma-gni-fiques, avec de belles couleurs pastels, un joli lit-maison-montessori et des fanions avec de petits animaux rigolos, les enfants sont propres avec le soleil qui brille en arrière plan, les ateliers créatifs sont inspirés, les réalisations parfaites. Mais ça, ce n'est pas la vraie vie. Dans la vraie vie il n'y a pas de filtre pour lisser le tout, il y a des jouets en vrac un peu partout derrière le photographe, un bavoir sale pendouille à la poignée de la cuisine, PERSONNE ne transforme en 12 minutes une boite à œuf en mobile digne de Moulin Roty et si les enfants ont vraiment le droit de toucher aux gommettes, il y en aura jusque sur le canapé comme CHEZ TOUT LE MONDE. Alors si notre Juju pense que la peinture à doigts c'est plus artistique mélangé avec des crottes de nez, on est quand même des bons parents.
  • Pour Facebook c'est la même chose. Combien de groupes étalent les instants de réussites éducatives ponctuelles de certains en nous laissant croire qu'il n'y a que nous pour galérer ? Alors oui, Elodie du Val de Marne à réussi à convaincre Gabrielle de manger ses légumes grâce à beaucoup de patience et des petits pics en bois peints à la main, et elle est bien entendu ravie de le partager. Nous aussi on le serait. Mais on oublie souvent que peut être que Gabrielle masse le chat avec sa pâte à modeler tous les week end, qu'elle a cru bon de s'attacher les cheveux avec du scotch double-face et peut être qu'il faut 45 minutes pour qu'elle mette un orteil dans la salle de bain alors que le notre barbote comme le petit nénuphar-à-sa-maman-qu-il-est. Mais ça on a moins envie de le partager tant que ce n'est pas réglé. Nous interprétons souvent les informations à travers le prisme de nos propres difficultés, attention de ne pas penser que le jardin du voisin est un paradis botanique juste parce qu'on y a vu deux marguerites. Il y a des taupes chez tout le monde. Et cela fait quand même de nous de bons parents.
  • Et bien entendu il y a l'entourage. L'entourage proche, ou la voisine qu'on croise toutes les 3 semaines. Ceux qui arrivent avec leurs "tu devrais", "pourquoi t'as pas", "t'es sure que ?" "moi j'aurais". Tous ces gens qui voient notre enfant avoir un comportement hors contexte, pendant 10 minutes, et qui en tirent des généralités éducatives sur ce qui est le mieux pour notre choupinou qu'on connait pourtant un peu mieux qu'eux. Et bien malgré leur avis : Nous sommes quand même de bons parents.

Derrière ces quelques clins d’œil humoristiques se cache une vérité que je trouve d'autant plus présente au travail depuis que je suis maman : L'impression de beaucoup de ne pas être de bons parents. Un peu comme si pour être "acceptable" il fallait obtenir un certificat d'excellence de la parentalité, avec une autorisation implicite de la société de se faire juger par tout le monde. Mais être un bon parent ce n'est pas avoir un comportement parfait en permanence, des connaissances techniques poussées ou une organisation millimétrée.

Etre un bon parent c'est aimer son enfant, et faire de son mieux.

 

C'est tout.

 

Même si des fois vous perdez patience. Même si des fois c'est la galère. Même si des fois vous avez besoin de vous reposer plutôt que de faire une activité de tri de jetons de couleurs. Même si vous ne faites pas comme dans les livres. Vous êtes quand même de bons parents.

Combien de parents m'avouent, couverts de honte, qu'ils ont "craqué" et qu'ils ont mis une fessée à leur enfant parce qu'ils n'en pouvaient plus ? Ça ne fait pas de vous de mauvais parents, juste des parents fatigués qui ont besoin de repos et/ou qu'on leur propose une autre solution. Vous pouvez juger votre geste mauvais, mais pas vous. Vous êtes quand même de bons parents.

Nous avons tous envie de faire au mieux pour nos enfants, avec parfois l'impression de ne pas en faire assez. Rien que ça cela montre que nous sommes de bons parents. Alors on fait des erreurs, mais c'est normal, et d'ailleurs cela aide aussi nos enfants à se construire. On fait avec notre passé, notre présent, nos moyens, nos connaissances... Essayons de nous projeter dans 10, 20, 30ans, quand nos grenouilles auront elles mêmes leurs têtards et qu'elles se souviendront de papa et maman. Pour eux ce qui sera important ce n'est pas tant d'avoir dépensé le PIB de la Suede en jeux éducatifs que le temps qu'on aura passé avec eux à les utiliser. Ils ne se souviendront pas si les salopettes étaient agrées par 3 ergothérapeutes et 1 psychanalyste mais eux aussi poseront les vêtements du matin 15 min sur le radiateur pour qu'ils soient tout chaud en hiver (comme faisait papa/maman). Ils se souviendront des câlins, des encouragements, du respect et de la confiance qu'on avait en eux


Alors si vous aimez vos enfants et que vous faites de votre mieux en fonction de vos possibilités et de vos connaissances, félicitations, vous êtes de bons parents ! Et une fois qu'on a posé ça, faites vous confiance ! Et qu'importe ce que l'on raconte autour de vous. 

  • Vous êtes de bons parents même si vous gardez votre enfant en cododo pendant 5 ans. Même si dès le début vous l'avez mis dans sa chambre.
  • Vous êtes de bons parents même si vous choisissez l’allaitement long. L'allaitement court. Le biberon. Même si la nature ou la situation extérieure a choisi pour vous. 
  • Vous êtes de bons parents même si vous suivez à la lettre des protocoles éducatifs pré-établis. Vous êtes de bons parents même si vous le laissez libre d'organiser ses jeux comme bon lui chante.
  • Vous êtes de bons parents même si vous parlez bébé. Si vous signez. Si vous lui parlez une langue différente chaque jour de la semaine.
  • Vous êtes de bons parents même si vous commencez déjà à vous former à la méthode des alpha alors qu'il est à la crèche. Même si vous ne connaissez pas les alpha (et même si vous n'en avez rien à taper des alpha !)
  • Vous êtes de bons parents même si vous l'aimez toujours et en permanence d'un amour total et inconditionnel. Même si des fois, honnêtement, il vous saoule. Même quand vous vous dites que, sur ce coup, vous avez été complètement à côté de la plaque.

Avant de conclure, j'aimerais rajouter quelques mots sur les parents d'enfants avec des besoins spécifiques et leur dire toute l'admiration que j'ai pour eux. Je suis toujours épatée par l'énergie et les ressources que mobilisent ceux que je reçois au cabinet. En quelques années la plus part pourrait demander une V.A.E. en orthophonie, psychomotricité, psychologie, éducation spécialisée, ergothérapie, revendiquer n'importe quel poste administratif et ouvrir un centre de coaching sur la maîtrise de soi. 

J'ai l'impression qu'ils sont encore plus sujets au jugement que les autres. Pour deux enfants sortant du parc dans un état de cataclysme vestimentaire, on estimera que l'enfant "ordinaire" c'est bien amusé, alors que l'enfant porteur de handicap fera négligé. Si un enfant tout venant n'a pas fait ses devoirs c'est qu'il est têtu ou qu'il a eu un soucis à la maison. Si l'enfant différent n'a pas fait ses devoirs c'est bien le signe qu'il n'y a pas l'accompagnement nécessaire à la maison non ? Attention je ne dis pas qu'il n'y a pas de personnes bienveillantes autour d'eux, j'ai juste l'impression que statistiquement ils se prennent encore plus de réflexions et font l'objet d'encore plus de suspicions que les autres.

Sans même parler de la pression que peuvent mettre certains (pas tous !) professionnels lorsque ils ne sont pas d'accord sur la stratégie à adopter. Ou, pire, quand le professionnel ne sait pas... on n'aime pas ne pas savoir, alors certains décrètent que, si on n'a pas d'autre idée c'est que ça doit être la faute des parents. Un jour je vous raconterai comment en jetant à la porte de ma chambre la puer de la maternité je me suis évitée 20 ans d'analyse et de culpabilité ;p

 


Pour conclure, persuadez-vous en, vous êtes des bons parents. Vous n'êtes peut être pas les meilleurs d'après La Théorie, mais vous êtes les meilleurs qu'il faut pour vos enfants. Et si quelqu'un essaye de vous faire croire le contraire, dites lui merde (ding la boite à gros mots) ou du moins pensez le si socialement c'est difficile à faire. Aimez vos enfants, et quand le doute revient vous titiller, laissez de côté les fois où vous avez perdu patience ou mangé le dernier kinder bueno en douce, rappelez vous toutes les nuits à vérifier s'il dort bien, les nez mouchés, les bobos consolés, les fous rires... et dites vous que vos enfants ne vous échangeraient pour rien au monde.


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Commentaires: 3
  • #1

    Emilie (mardi, 14 mars 2017 22:30)

    Re merci :-)

  • #2

    L. (mardi, 02 janvier 2018 15:41)

    Juste un mot: Merci

  • #3

    Wecker (samedi, 06 janvier 2018 21:32)

    Merci c'est sublime et ça fait un bien fou