Guidances (aides) et Estompage

 

 

 

 

Un peu de théorie issue de l'A.B.A. pour rendre plus efficaces des comportements spontanés 

Suite à plusieurs demandes, un peu de théorie aujourd'hui ! J'ai choisi de vous parler de l'estompage des guidances qu'on pourrait aussi appeler "comment je diminue mon aide pour que la personne n'ai plus besoin de moi (mais c'est plus long, et ça claque moins sur un écrit). C'est un concept simple mais bien souvent oublié quand on se lance dans l'A.B.A. ou les méthodes éducatives du genre.

Pourtant, en vrai, ça devrait être une des premières questions que l'on se pose quand on apporte une aide à une personne pour un nouvel apprentissage. 

Je vous présente une version simplifiée afin qu'elle soit compréhensible par des personnes qui ne sont pas formées, mais aussi pour vous montrer que même si cela a été théorisé pour l'autisme, cela marche avec tout le monde. Si le sujet vous intéresse faites moi signe, on parlera de la nature des stimulii de départ un autre jour ;)

Pourquoi identifier l'aide apportée ?

Quand on est sur un nouvel apprentissage, on pense souvent à "évaluer" l'enfant (même en temps que parent, on se dit "il sait faire", "il galère un peu mais il fini par y arriver", "il n'y arrive pas du tout"), par contre on évalue moins notre aide apportée. Au mieux on retrouve souvent "en l'aidant un peu" il y arrive. En tant que professionnel c'est un peu léger, parce qu'en vrai, "en l'aidant un peu", ça veut rien dire hein. Pourtant identifier clairement le niveau d'aide apporté (on retrouve souvent le terme niveau de guidance) c'est hyper important, et ce pour deux raisons principales :

1/ Le transfert des compétences :

Encore un joli terme, que l'on peut traduire par "c'est un peu con d'avancer dans un apprentissage quelque part sans que ça puisse être réutilisé ailleurs". Enfin en gros, dans les manuels on ne trouve pas ça écrit comme ça.

L'idée est que si chaton sait mettre ses mettre ses habits en suivant un séquentiel en pictogramme, autant qu'on lui propose la même chose en séjour adapté, plutôt que de lui pointer son pantalon et finir par le faire pour lui parce qu'il n'y arrive pas.

Si Choupette a besoin d'une ligne pour écrire son prénom, c'est bien de le savoir. Ça évite que la famille dise "mais si elle sait l'écrire" que l'enseignant dise "mais non elle sait pas" et que tout le monde se dise dans sa tête que de l'autre côté ils sont un peu nuls.

2/ L'estompage

Le fameux estompage, qui est une disparition progressive de l'aide apportée. L'objectif de tout apprentissage est que la personne puisse utiliser sa compétence de manière autonome et adaptée à la situation et l'environnement. Si elle n'y arrive que quand on est là, c'est déjà bien, mais ce n'est pas hyper fonctionnel.

L'idée n'est pas non plus de se dire : tiens, tu tiens l'équilibre quand tu fais du tricycle ? Ben va pédaler dans la foret sur un VTT. Sinon on se retrouve à dire "bah ouais mais sans aide c'est pas possible pour lui". Peut être. Ou peut être on s'est un peu emballé et on n'a pas assez estompé. Sauf que pour savoir comment estomper, ben faut bien savoir d'où on part.

Le type d'aide :

Y a des gens sympas, ils ont déjà classé pour nous le type d'aide apporté, histoire de nous faciliter la vie. On trouve, du plus intrusif au moins intrusif dans le comportement :

1/ La guidance physique :

Là on touche la personne pour l'aider à commencer/faire son comportement. C'est par exemple quand l'enfant veut couper sa viande tout seul, que vous vous mettez derrière lui pour tenir avec lui ses couverts et lui faire faire le geste. On aide physiquement. Elle est plus technique qu'il n'y parait (et sous entend que la personne accepte cette proximité)

2/ La guidance "modeling" :

On peut aussi trouver le terme "imitative" mais franchement, t'es en réu, tout le monde a l'air hyper intelligent (même si du coup on comprend pas toujours ce que ça veut dire sur le terrain), ça fait hyper plus classe de dire "je fais du modeling" que "je fais des démonstration". On montre donc à la personne ce qu'il doit faire. Par exemple, je donne des cubes à l'enfant, et je fais ma tour de cube. Cela sous entend que l'enfant ait des capacités d'imitation bien sur. 

3/ La guidance gestuelle :

Là c'est tout geste qui aide à trouver la bonne réponse. Ça peut être pointer la bonne carte, mais pas que. Souvent on fait des guidances gestuelles sans s'en rendre compte. Ça peut être par exemple regarder la bonne carte demandée (certains deviennent des experts du regard. Ils n'écoutent même pas la consigne, ils captent où on regarde pour savoir quoi donner). S'orienter dans la bonne direction aussi. Bref, méfiez vous des guidances involontaires dans ce domaine !

4/ La guidance verbale :

Même s'il serait peut être plus juste de dire guidance vocale. C'est tout ce que l'on va dire qui va aider au comportement. Par exemple si l'objectif est que Nounette accroche son manteau quand elle rentre de l'école, quand on lui dit "Nounette, accroche ton manteau" c'est une aide verbale. 

C'est aussi quand l'enfant essaye de résoudre son problème et que l'on fait un très discret "HUM HUM" quand il est en train de se tromper.

5/ La guidance de l'environnement :

Attention, comme en patinage artistique, voici le petit passage technique de l'enchaînement : Ici on n'est pas sur une guidance du comportement mais une guidance du stimulii (si tu n'as aucune formation dans le domaine, oublie cette phrase, c'est du détail).

L'idée est d'organiser l'environnement pour que la bonne réponse ait plus de chance d’apparaître. Par exemple si je dis "colorie en bleu le camion", que le feutre bleu est posé pas loin sur la table et que les reste des feutres est rangé dans un pot un peu plus loin, il y a plus de chance que l'enfant prenne la bonne couleur.

Et comment on estompe ?

Bon, maintenant que vous savez comment vous aidez, on a dit que, quand on aide, on devrait toujours avoir en tête comment on va estomper cette aide. On est ok, des fois on ne pourra pas y arriver, une aide sera toujours nécessaire. Mais quand même on va essayer, pour que la guidance soit la moins importante possible.

Pour ça, on peut (le plus souvent dans cet ordre, mais vous pouvez être créatifs ! :)

1/ On diminue l'intensité de la guidance :

Par exemple, si on aide physiquement on va mettre moins de force dans le mouvement, ou on va se contenter de toucher la partie à mobiliser, ou on va impulser le mouvement mais ne pas le finir. Bref on reste dans la même catégorie d'aide, mais on le fait de manière moins importante.

INTERROGATION ÉCRITE : Propose une aide et son estompage pour les autres modalités !

2/ On change de guidance :

Donc généralement on cherche à être de moins en moins intrusif. Vous avez eu la liste dans l'ordre, mais c'est à adapté à chaque situation (des fois des guidances ne sont pas pertinentes). Une personne qui commence à ne plus avoir besoin de guidance physique aura peut être juste besoin d'une guidance gestuelle.

3/ On temporise la guidance

L'idée est de proposer la guidance de plus en plus tard par rapport au stimulus naturel (de nouveau, si tu n'es pas formé, oublie c'est pas important comme phrase). En gros on laisse un peu de temps avant d'aider.

Reprenons Nounette et son manteau. Au début on lui dira peut être dès son entrée d'accrocher son manteau, puis petit a petit on rajoutera quelques secondes, afin de laisser une chance au comportement d’apparaître spontanément. Ca sous entend que le comportement soit quand même bien émergeant. 

T'as pas un exemple ?

Histoire d'être sure que ce soit clair, voici un exemple.

 

Situation de départ : On voudrait apprendre à Arnold à se doucher pour qu'adulte il ait cette autonomie.

1 - Arnold a besoin d'un aide physique. On lui prend la main et on l'aide à se frotter les différentes parties du corps, du début à la fin. On n'est pas des vilains, on lui montre toujours dans le même ordre. 

2- Arnold commence à saisir qu'il y a un truc à faire sur les parties du corps. On aide doucement au mouvement, mais on sent qu'il participe plus activement.

3- Arnold frotte seul les parties du corps, on l'aide encore physiquement à passer d'une partie du corps à l'autre, en touchant en impulsant le geste dans la bonne direction.

4- Arnold a compris qu'il doit enchaîner des parties du corps sans trop savoir lesquelles. En face de lui on lui montre le geste a imiter

5 - Pointer la partie va suffire à ce qu'il puisse le faire seul.

6- On ne veut pas rajouter du verbal sur ce type d'apprentissage. On va donc faire des gestes de plus en plus fin, puis finir par les supprimer en chaînage arrière (on parlera des chaînages si vous voulez plus tard).

 

C'est l'aide qui convenait à Arnold, peut être que ce sera différent pour Willy !

 


Voilou, j'espère que cet article vous aidera à y voir un peu plus clair sur le type d'aide, et surtout à toujours penser au "et comment je vais estomper derrière". Cela nous rappelle aussi qu'une bonne aide est celle qui est pile nécessaire (et pas aider plus que besoin, sinon c'est plus dur à estomper par la suite).

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L'illustration de l'article provient du site : Pictos et Cie

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